La référence néerlandaise TTF pour les prix européens du gaz a connu une baisse significative en février 2024, tombant en dessous de 25 €/mégawattheure (MWh), soit 50 % de moins que l’année dernière à la même période.
Cette baisse reflète une tendance plus large influencée par un ensemble de facteurs climatiques et économiques, en particulier des températures plus chaudes que la moyenne dans l’hémisphère nord et une diminution notable de la demande industrielle et domestique de gaz naturel.
Les niveaux de stockage de gaz naturel en Europe sont par ailleurs à leur plus haut niveau saisonnier depuis cinq ans, avec des réserves de gaz de 65,9 % pour l’UE, de 71,56 % pour l’Allemagne, de 60,3 % pour l’Italie et de 51,3 % pour la France, selon les données de l’inventaire agrégé des stocks de gaz (AGSI) de Gas Infrastructure Europe (GIE).
L’essor des sources d’énergie renouvelables et de la production d’électricité nucléaire est un autre facteur clé de la récente baisse des prix du gaz naturel en Europe.
Après une légère baisse de régime en 2021 et 2022, l’énergie éolienne et solaire a connu une amélioration significative en 2023, et l’énergie hydroélectrique se rapproche de ses plus hauts niveaux saisonniers depuis cinq ans.
En outre, la production d’énergie nucléaire a connu une nette augmentation au cours du second semestre 2023, qui devrait se poursuivre en 2024.
Les perspectives du gaz naturel pour 2024
Francisco Blanch, stratège en matières premières chez Bank of America Global Research, anticipe, dans un communiqué partagé la semaine dernière, une plus grande probabilité que les prix du gaz naturel TTF continuent à baisser au printemps, ce qui pourrait conduire à un retour aux niveaux de l’été 2023, si ce n’est plus bas encore.
Toutefois, Francisco Blanch met également en évidence certains risques susceptibles d’entraîner une hausse inopinée des prix du gaz naturel.
Une reprise de l’activité manufacturière pourrait entraîner une augmentation de la demande mondiale de gaz industriel, tandis que les perturbations en mer Rouge pourraient contribuer à augmenter les prix de l’énergie.
Samantha Dart et Daniel Moreno, analystes en matières premières chez Goldman Sachs, ont récemment revu à la baisse leurs prévisions de prix du gaz naturel TTF de 41 €/MWh à 31 €/MWh. Ils suggèrent que l’importance de l’offre excédentaire de gaz attendue pendant cette période pourrait contraindre l’Europe à offrir des incitations afin de réduire l’offre et de prévenir la congestion du stockage l’été prochain.
Malgré ses niveaux confortables de stockage de GNL, ils considèrent que l’Europe n’a pas encore résolu sa crise énergétique, et estiment qu’il faudra attendre l’hiver prochain pour que le risque de flambée des prix du gaz diminue.
Le déficit structurel du gaz naturel européen n’a pas été entièrement comblé, car l’augmentation de l’offre de GNL n’a pas complètement compensé la perte des importations russes. Par conséquent, les prix du gaz en Europe restent sensibles aux perturbations de l’offre ou aux pics de la demande, en particulier pendant l’hiver.
À partir de 2025, l’offre mondiale de GNL devrait augmenter considérablement, ce qui pourrait entraîner une situation d’offre excédentaire sur le marché et faire baisser les prix du gaz et du GNL en Europe, en particulier entre 2026 et 2028.