12 ans de dégradation de la note

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Ce 26 avril au soir, deux des trois agences de notation les plus influentes sur les marchés financiers, Fitch Ratings et Moody’s, publieront leur évaluation de la solvabilité de la dette publique française. Cette révision de la note financière de la France a lieu tous les six mois. Standard and Poor’s (S & P), considérée comme l’agence la plus influente de toutes, donnera, quant à elle, son verdict le 31 mai.

Lors de sa dernière révision, Moody’s a attribué la note Aa2 à la France, soit le 3e cran le plus élevé (après Aaa et Aa1), qui correspond à une « qualité haute » de la dette. Fitch Ratings a elle attribué la note AA –, soit le 4e cran le plus élevé, qui correspond là aussi à une « qualité haute ». Pour chacune des deux agences, cette note s’accompagne d’une perspective « stable ». Cette mention indique une probabilité faible que la note soit réévaluée à la baisse ou à la hausse lors de la révision suivante (au contraire d’une perspective « négative » ou « positive »).

En revanche, le risque est maximal pour Standard & Poor’s qui a accolé une perspective négative à son AA (« qualité haute ») dans sa dernière révision. Il s’agirait alors de la huitième dégradation de la note financière de la France par une agence du Big Three depuis 2012, année où la France a perdu son rang de co-premier de la classe. De 2012 à 2023, voici un petit résumé chronologique de onze années de dégringolade.

Janvier 2012 : la première déflagration

Le 13 janvier 2012 est un séisme médiatique dans notre pays. Pour la première fois, une agence de notation dégrade la note de la dette française. Standard & Poor’s retire son triple AAA, qui signifie un score parfait, pour le remplacer par AA +, le cran juste en dessous.

Pour le président de la République de l’époque, c’est un coup dur. Nicolas Sarkozy avait justifié sa politique d’austérité par le fait qu’elle permettrait de garder la confiance des créanciers. Sur le moment, la décision de Standard and Poor’s fait bondir les taux d’intérêt, qui étaient à la baisse. Mais rapidement, les taux s’orientent à nouveau à la baisse, grâce à la politique de soutien de la Banque centrale européenne.

Novembre 2012 : Moody’s emboîte le pas de S & P

Nouvelle dégradation dix mois plus tard. Cette fois-ci, c’est Moody’s qui fait passer sa note pour la France de Aaa à Aa1. Entre-temps, la France a élu un nouveau président, François Hollande. Son ministre des Finances d’alors, Pierre Moscovici, réplique que cette décision est une « sanction de la gestion du passé ».

La décision de Moody’s n’empêche pas le taux d’emprunt français à 10 ans de passer, deux semaines plus tard, sous les 2 %, pour la première fois de son histoire. La France bénéficie à cette époque – et pendant presque toute la décennie 2010 – de conditions financières particulièrement favorables : elle emprunte à des taux historiquement bas sur l’ensemble des échéances et même à des taux négatifs à très court terme. À ce titre, 2012 est une année historique : au 19 novembre, le taux moyen pondéré des emprunts d’État français sur l’année est de seulement 1,87 %, un niveau record, selon les données de l’Agence France Trésor, chargée de placer la dette française sur les marchés.

2013 : la France perd son dernier triple A

En juillet 2103, c’est au tour de Fitch Ratings de baisser sa note, de AAA à AA + avec « perspective stable ». Il s’agissait du dernier « triple A » accordé à l’Hexagone par une grande agence de notation internationale. Fitch pointe la baisse de la production, la hausse du chômage (alors à son plus haut depuis quinze ans), le déclin de la compétitivité et de la rentabilité des entreprises. À ce moment-là, seuls quatre pays bénéficiaient encore du AAA dans les trois agences de notation : l’Allemagne, la Finlande, le Luxembourg et les Pays-Bas.

Quelques mois plus tard, en novembre, S & P enfonce le clou en abaissant d’un nouveau cran la note, de AA + à AA.

2014 et 2015 : encore des baisses, sans grande conséquence

En décembre 2014, l’agence de notation Fitch Ratings baisse vendredi la note souveraine de la France d’un cran à AA contre AA + auparavant en l’assortissant d’une perspective stable. Sans que cela se fasse ressentir sur les marchés. Au même moment, les taux d’emprunt à 10 ans n’ont jamais été aussi bas.

En septembre 2015, Moody’s abaisse de nouveau d’un cran la note de la France vendredi soir, la faisant passer de Aa1 à Aa2, assortie d’une perspective stable.

2023 : nouveau coup de tonnerre. Le vrai.

Après huit années sans histoire, Fitch Ratings baisse de nouveau la note financière de la France en avril 2023, il y a un an. L’agence évoque « des déficits budgétaires importants et des progrès modestes » concernant leur réduction, et justifie sa décision par « l’impasse politique et les mouvements sociaux (parfois violents) [qui] constituent un risque pour le programme de réformes de Macron ».

Cette fois-ci, l’histoire n’est pas la même que lors des dégradations précédentes. Les taux d’intérêt sont remontés. À tel point que les taux d’emprunt d’obligation à 10 ans de l’Allemagne et de la France ont dépassé le seuil symbolique des 3 %, un niveau inédit depuis 2011.

Depuis, le gouvernement est pris dans une tempête politique autour de sa gestion des finances publiques, accusé notamment d’avoir tardé à réviser sa prévision de croissance. Une nouvelle dégradation de la note de la dette ne ferait que l’y enfermer davantage.


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