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Comment se débarrasser de la dette ?

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Si vous avez suivi les précédents épisodes de notre série consacrée à la dette publique, vous savez que celle-ci n’est pas intrinsèquement mauvaise. Mais un endettement excessif peut asphyxier l’économie et faire entrer le pays dans une crise si les créanciers prennent peur et pensent que l’État ne les remboursera pas… Avant d’arriver à cette situation, il est bien évidemment possible de stabiliser la dette, voire de la diminuer, pour retrouver un peu d’air. Mais tous les politiques et économistes ne proposent pas les mêmes solutions.

Petit passage en revue des différentes méthodes, de la moins à la plus réaliste.

Annuler la dette, pourquoi ce n’est pas souhaitable

Mais ne pourrait-on pas tout simplement tirer un trait sur tout ou partie de notre dette et ne pas la rembourser ? En France, c’est déjà arrivé… en 1797 avec l’annulation des deux tiers de la dette publique, actée par Dominique Ramel, ministre des Finances du Directoire.

Pourtant, cette solution ne serait pas idéale pour notre pays aujourd’hui, car les créanciers n’auraient à l’avenir plus confiance en un État qui s’assied sur ses promesses, et exigeraient des taux d’intérêt démentiels s’il souhaite à nouveau s’endetter. Cela dit, lorsqu’un pays frôle la faillite, il est possible que les créanciers acceptent des pertes et un calendrier de remboursement étalé, mais cette option signifie que le pays est au bord du gouffre et nécessite de longues négociations pour trouver un accord.

Aujourd’hui, certains économistes hétérodoxes proposent une autre option : annuler la part de la dette détenue par la Banque centrale européenne (BCE). Celle-ci en a racheté beaucoup ces dernières années sur le marché dit secondaire (il s’agit grosso modo du « marché d’occasion ») pour soutenir les pays de la zone euro ; cela permettrait de supprimer une partie de la dette. En France, la BCE, via la Banque de France, détient 26 % des titres de créances hexagonaux. Une solution qui semble magique ! Pourtant, d’autres économistes sont totalement opposés à cette solution. Dans une note, Agnès Bénassy-Quéré, ancienne cheffe économiste de la direction générale du Trésor et seconde sous-gouverneure de la Banque de France, explique que cette annulation n’est ni légale, ni utile, ni souhaitable : il s’agirait d’un simple « tour de passe-passe » qui reviendrait à financer les déficits par de l’émission de monnaie et à créer un risque inflationniste.

Utiliser l’inflation, pourquoi ce n’est pas toujours efficace

Certains économistes ont longtemps plaidé pour utiliser l’arme de l’inflation afin de réduire la dette publique. Plus l’inflation est forte, plus le PIB augmente, ce qui tend donc à réduire le ratio dette sur PIB. C’est ce qui s’est, par exemple, passé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Mais ce qui a fonctionné un jour… ne fonctionne pas toujours. Nous avons pu bénéficier ces dernières années d’une expérience grandeur nature. Après le Covid, l’inflation en France a augmenté de 2,1 % en 2021, de 5,9 % en 2022 et de 5,7 % en 2023. Une note du Haut Conseil des finances publiques publiée en mai dernier montre que l’inflation a, en effet, fait reculer la dette publique dans les pays de la zone euro.

Mais le ratio français a moins reculé que beaucoup d’autres (seulement 2,4 points de PIB, contre 33,1 pour la Grèce). « En France, “l’aubaine” inflationniste sur le ratio de dette a ainsi été en grande partie contrecarrée par l’impact d’un niveau élevé de déficit initial », notent Pascal Helwaser et Axelle Lacan, les auteurs de la note. L’inflation marche en théorie, mais pas toujours en pratique, car d’autres éléments sont à prendre en compte. En France, les mesures mises en place pour soutenir le pouvoir d’achat et protéger les entreprises ont ainsi limité l’effet positif sur le dénominateur (car elles ont contenu l’inflation) et augmenté un peu plus la dette en creusant le déficit… De plus, la charge des intérêts s’accroît aussi avec l’inflation. Surtout, l’inflation est une arme à manier avec une grande précaution. Le risque est de voir apparaître une spirale de hausse des prix qui conduirait à un épisode d’hyperinflation… Tous aux abris !

Pourquoi doper la croissance reste un pari

C’était la formule magique d’Emmanuel Macron : en dopant la croissance et le taux d’emploi, via des réformes structurelles et des allègements d’impôts, les caisses de l’État se rempliraient et la dette se résorberait. Tout bénef ! Économiquement, ce raisonnement tient la route : la croissance diminue automatiquement le ratio dette sur PIB en augmentant le dénominateur. Mais il y a les livres d’économie… et la réalité. D’abord, il est souvent compliqué de savoir quand les réformes porteront leurs fruits : cela fonctionne souvent « à long terme », pour reprendre l’expression des économistes.

À LIRE AUSSI François Ecalle, le geek des finances publiques Si les allègements d’impôts ne sont pas compensés par des baisses de dépenses ou un rebond suffisant des recettes fiscales, le déficit se creuse. Surtout, cette stratégie se heurte parfois de plein fouet au mur de la conjoncture. Il suffit d’une crise pour que le plan tombe à l’eau. C’est ce qui est arrivé à Nicolas Sarkozy avec la crise des subprimes… et à Emmanuel Macron avec la pandémie de Covid. Il faut donc être vraiment optimiste pour miser sur ce seul levier.

Pourquoi augmenter les impôts et baisser les dépenses, c’est classique mais efficace

Ce n’est pas la méthode la plus sexy, elle peut paraître un peu bête et méchante, elle est souvent difficile à faire avaler, mais elle fonctionne. En augmentant les impôts et en baissant les dépenses, on peut réduire le déficit, voire dégager un excédent, et in fine la dette. On peut combiner ce levier avec la méthode précédente pour encore plus d’efficacité. Mais elle est à manier avec précaution. Dans l’idéal, il ne faudrait pas que cet ajustement soit trop brutal. Le risque est d’entraîner l’économie dans la récession et d’obtenir l’effet contraire : une dégradation du déficit.À LIRE AUSSI Déficits publics : la spirale infernale qui menace la prospérité française

Le ratio augmentation des impôts et baisse des dépenses dépend du point de départ. En France, nous avons plutôt un ratio d’impôts et de dépenses élevé par rapport aux autres : il semble donc plus pertinent de baisser les dépenses que d’augmenter les prélèvements obligatoires… Reste ensuite à savoir quelles dépenses baisser ou quels impôts augmenter. Une question qui fait l’objet d’un vaste débat entre économistes et pourrait remplir des centaines de pages.


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Retrouvez l’ensemble des épisodes de la série « La dette publique en 6 questions » :

1. La dette publique, c’est quoi ?
2. Comment l’État s’endette-t-il ?
3. Pourquoi la dette française est-elle aussi élevée ?
4. Être endetté, c’est grave, docteur ?
5. Une crise de la dette, c’est quoi ?
6. Comment se débarrasser de la dette ?


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