Home Monde En Tunisie, des journalistes réclament la libération de leurs confrères condamnés

En Tunisie, des journalistes réclament la libération de leurs confrères condamnés

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Plusieurs dizaines de journalistes tunisiens ont manifesté, lundi 27 mai, à Tunis contre la « répression » des libertés dans le pays et appelé à la libération de deux chroniqueurs condamnés, selon eux, pour leur opinion, a constaté une journaliste de l’AFP. « Liberté pour la presse tunisienne », « L’Etat policier, c’est du passé », « Magistrature aux ordres », a scandé une soixantaine de manifestants devant le siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).

Les protestataires, dont des proches des journalistes emprisonnés, brandissaient des affiches : « Non à la liquidation des médias », « Le journalisme n’est pas un crime », « Pas de presse libre et professionnelle sous la menace et l’intimidation ».

Cette « journée de solidarité » était organisée après la condamnation mercredi 22 mai de deux journalistes connus à un an de prison pour des publications sur les réseaux sociaux et des déclarations dans les médias sur la situation socio-économique du pays et sur le président Kaïs Saïed, auteur d’un coup de force à l’été 2021.

Borhan Bssais, présentateur à la télévision et à la radio, et Mourad Zeghidi, commentateur politique, arrêtés depuis le 11 mai, ont été jugés coupables de diffusion de « fausses informations » et d’avoir « diffamé autrui ou porté atteinte à sa réputation ».

« Des prisonniers d’opinion »

Ils ont été condamnés en vertu du décret 54, promulgué en 2022 par le président Saïed, officiellement pour lutter contre les « fausses nouvelles » mais décrié pour l’interprétation très large qui en est faite. Leurs avocats ont fait appel, ont fait savoir lundi à l’AFP leurs familles.

A côté de ces poursuites, le parquet de Tunis a ouvert lundi une autre « enquête sur des soupçons de blanchiment d’argent et d’enrichissement illégal à l’encontre de MM. Bssais et Zeghidi », a rapporté à l’AFP son porte-parole, Mohamed Zitouna.

En Tunisie, le blanchiment d’argent est passible d’une peine pouvant atteindre six ans d’emprisonnement. « Les libertés commencent à perdre leur valeur en Tunisie et tous les confrères poursuivis en justice sont des prisonniers d’opinion », a dénoncé le président du SNJT, Zied Dabbar, avant le rassemblement. Réclamant leur libération, il a appelé à cesser d’« instrumentaliser le décret 54 » et de « réprimer les libertés ».

En un an et demi, plus de soixante personnes – journalistes, avocats et opposants à M. Saïed – ont été poursuivies sur la base de ce texte. Ces dernières semaines, une dizaine d’avocats, de journalistes et militants d’associations d’aide aux migrants ont été arrêtés sur la base de ce décret et pour d’autres motifs, suscitant l’« inquiétude » d’ONG internationales, de l’Union européenne, des Etats-Unis et de la France.

En recevant vendredi la ministre de la justice, M. Saïed a assuré que « la liberté d’expression est garantie par la Constitution », affirmant aussi qu’« aucune personne n’a été poursuivie jusqu’à présent pour ses opinions ».

Le Monde avec AFP

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