La liberté de culte est « garantie » en Algérie où l’islam est religion d’Etat, a affirmé mardi 3 décembre à Alger le ministre des affaires religieuses, alors que les Etats-Unis ont placé en début d’année l’Algérie sur une liste de pays portant atteinte à la liberté religieuse.
« La liberté de culte est garantie dans le cadre du respect de la loi », a souligné Youcef Belmehdi lors d’une rencontre à laquelle participaient notamment l’archevêque d’Alger, Jean-Paul Vesco, récemment fait cardinal par le pape François, et l’ambassadrice des Etats-Unis à Alger, Elisabeth Moore Aubin. « L’exercice des droits et des libertés fondamentales dans notre pays est garanti par la Constitution », a précisé le ministre.
Selon M. Belmehdi, la législation algérienne s’applique « à tout citoyen résidant » dans le pays. « Elle comprend la protection des lieux de culte des différentes religions et offre une protection pénale contre toutes les formes d’agression. » En début d’année, les Etats-Unis ont placé cinq pays dont l’Algérie, sur une liste de surveillance spéciale « pour avoir commis ou toléré de graves violations de la liberté religieuse ».
Selon un rapport de la commission américaine sur la liberté religieuse (Uscirf) mis à jour en octobre 2024, le gouvernement algérien « criminalise le blasphème et restreint la pratique religieuse ». « Les autorités continuent de fermer des églises [évangéliques] et de poursuivre des personnes pour blasphème, prosélytisme et croyance non autorisée », selon la Commission.
« Il est bon que nous puissions nous retrouver pour réfléchir sur ce sujet ici en Algérie », a estimé Mgr Vesco, prélat français et algérien, connu pour son attachement au dialogue interreligieux, en soulignant que « les libertés religieuses font partie des droits humains ». Il a rappelé qu’il se rendrait au Vatican la semaine prochaine pour recevoir sa barrette de cardinal et s’est dit « très touché » en tant qu’Algérien et Français de la décision du pape François alors qu’aucun cardinal n’avait été nommé en Algérie depuis 60 ans.
Le président Abdelmadjid Tebboune a accordé en février 2023 la nationalité algérienne à l’archevêque d’Alger. « L’islam nous a ordonné de respecter les autres et de ne pas violer le sacré. Elle [la religion] nous interdit de maudire, d’insulter et d’agresser les autres », a précisé Yahia Sari, un responsable du ministère des affaires religieuses.
L’islam est religion d’Etat en Algérie, mais la Constitution garantit la liberté de culte, sous réserve d’un agrément des autorités, accordé au lieu de culte et au prédicateur.