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« Face au catastrophisme de l’extrême droite, la gauche ne doit pas répondre simplement qu’il faut taxer les riches »

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Par naïveté, impulsion ou calcul, le résultat est indéniable : Emmanuel Macron a précipité le pays dans une crise politique majeure en décidant, le 9 juin, de dissoudre l’Assemblée nationale. Il a pris sa décision après un succès électoral du Rassemblement national (RN), ce qui met l’accent sur le programme de celui-ci. Les 30 juin et 7 juillet, la société sera contrainte, par celui qui prétend s’opposer à l’extrême droite, d’accepter les termes du débat tels qu’ils sont formulés par le parti de Marine Le Pen. Nous serons tous et toutes appelés à voter pour ou contre l’idéologie de l’homogénéité identitaire, voire raciale, du peuple, pour ou contre la suspension des libertés publiques élémentaires, pour ou contre le populisme fiscal et l’arrêt de la transition écologique.

Que le succès électoral du RN tienne à la résistance ou à la résurgence du racisme, à l’expression d’un sentiment d’appauvrissement, à la réussite d’une stratégie médiatique, ou plus probablement à un cocktail de ces facteurs, il tire sa force d’une capacité à fédérer une communauté d’intérêts existentiels. Devant la menace fantasmée de dissolution civilisationnelle et l’échec tout aussi imaginaire de la modernité démocratique et sociale, le RN constitue un groupe qui estime défendre sa survie et qui sait nommer ses ennemis : les étrangers et les minorités, l’élite culturelle mondialisée, l’écologie et l’impôt. Son message à ses électeurs est simple : « Leur existence, contre notre existence. » Cette communauté d’intérêts existentiels fournit le socle d’un combat politique qui rassemble des militants fervents comme des sympathisants occasionnels.

Face à cette proposition et à ce gouffre, que peut la gauche ? Elle répond traditionnellement qu’elle refuse de se situer sur le terrain identitaire et que son combat porte sur la justice, la réparation des inégalités socio-économiques, le partage de la richesse. Mais ce faisant, elle ne répond pas au défi lancé par l’extrême droite, consistant à nous demander qui nous sommes et contre quoi nous nous battons.

Paradigme de stabilité

Pourtant, au XXe siècle, la gauche a su se réunir et fournir à l’Etat un modèle de gouvernement lorsque planait la menace fasciste, quand frappaient les crises financières, quand la fin de la guerre ordonnait une reconstruction rapide. Au-delà de ses idéaux et de ses recettes économiques, la gauche se construit dans la réponse aux catastrophes, pendant que la bourgeoisie d’affaires se compromet avec l’autoritarisme. Elle doit de nouveau construire et imposer un paradigme de stabilité devant l’inflation, les inégalités, l’insécurité géopolitique et climatique. Cette dernière crise est bel et bien un risque existentiel devant lequel une mobilisation totale est incontournable.

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