A moins de dix jours du premier tour des élections législatives, le Rassemblement national (RN) tente de donner des gages au sujet de la guerre en Ukraine, tout en marquant sa différence avec Emmanuel Macron. Mercredi 19 juin, dans les allées du salon de l’armement Eurosatory, Jordan Bardella, le candidat du RN au poste de premier ministre, a ainsi assuré vouloir maintenir le soutien militaire français à Kiev. Mais tandis que le président français et son homologue américain, Joe Biden, ont autorisé, fin mai, les Ukrainiens à frapper le territoire russe avec des missiles de longue portée, le patron du RN a martelé son refus d’une telle approche : il y a une « ligne rouge » pour « éviter tout risque d’escalade », a-t-il répété.
Pour les mêmes raisons, les responsables du RN ont mis en cause, dès son annonce, le 6 juin, la décision du chef de l’Etat de céder des Mirage 2000-5 à Kiev, ainsi que le projet esquissé par l’Elysée d’envoyer des instructeurs français sur le terrain. « Envoyer nos instructeurs sur un terrain de guerre, c’est prendre le risque qu’ils soient une cible », justifiait Marine Le Pen, lors d’un passage à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) : « La question qui suit immédiatement : si jamais, ce qui serait un drame, nous perdons des militaires français envoyés en Ukraine, que fait-on après ? Quelle est la réponse apportée par la France ? Vous voyez bien qu’immédiatement on arrive dans une escalade que nous ne souhaitons pas. »
« L’Ukraine a été victime d’une agression extrêmement grave et d’une violation de sa souveraineté, il faut à tout prix essayer de trouver les moyens pour qu’elle retrouve sa liberté et que cessent des combats qui sont en train de tuer une génération entière d’Ukrainiens », expliquait aussi celle qui n’avait pas hésité, pendant la campagne électorale de 2017, à chercher l’appui du président russe, Vladimir Poutine.
Virage sur l’OTAN
Même virage sur l’aile au sujet de l’Alliance atlantique. « Je n’entends pas remettre en cause les engagements pris par la France sur la scène internationale, a dit M. Bardella, mercredi. Il y a un enjeu de crédibilité à l’égard de nos partenaires européens et de nos alliés de l’OTAN. » Par conséquent, il n’a plus l’intention de « quitter le commandement intégré » de l’Alliance atlantique, comme le proposait Mme Le Pen en 2022. Du moins pas tant que la guerre en Ukraine « est toujours en cours », expliquait-il en mars. Le RN s’oppose néanmoins toujours à l’adhésion de Kiev à l’OTAN, comme à l’Union européenne, alors qu’Emmanuel Macron y est favorable.
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