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A Paris, plus d’un milliard d’euros pour accélérer la production de vaccins en Afrique et « renvoyer le choléra au passé »

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« Renvoyer le choléra au passé », c’est le vœu qu’a exprimé le président Emmanuel Macron lors du Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales qui s’est tenu jeudi 20 juin, à Paris, coorganisé avec l’Union africaine (UA) et GAVI l’Alliance du vaccin. Alors que 23 pays africains ainsi que le département français de Mayotte sont touchés par une épidémie du vibrion et qu’une pénurie de vaccins entrave la riposte depuis presque deux ans, Paris a annoncé vouloir « prioritairement » soutenir le laboratoire sud-africain Biovac, installé au Cap, en consacrant « 10 millions d’euros à l’ouverture d’une chaîne de production du vaccin » dédiée qui sera disponible d’ici à deux ans.

C’est une « première démonstration concrète du soutien » de la France à la volonté du continent d’accélérer la création d’un marché du vaccin africain, a poursuivi le président français. D’autant que le sérum anticholérique n’est plus produit que par un seul fabricant dans le monde, le sud-coréen EuBiologics, qui doit booster ses stocks d’un tiers en 2024 et 2025.

Le sommet, qui a réuni les chefs d’Etat du Sénégal, du Rwanda, du Ghana et du Botswana, vingt-cinq de ministres de la santé du continent mais aussi d’Asie et du Moyen-Orient, a officiellement lancé un nouveau mécanisme financier baptisé AVMA (African Vaccine Manufacturing Accelerator ou Accélérateur de fabrication de vaccins en Afrique) en rassemblant des dons à hauteur de 1,2 milliard de dollars (1,12 milliard d’euros) afin de soutenir les producteurs du continent et ceux qui souhaiteraient s’y installer.

Grande inégalité

L’Union européenne – France, Allemagne et Italie en tête – s’acquitte des trois quarts de cette somme, a détaillé l’Elysée, auxquels s’ajoutent les contributions des Etats-Unis, du Canada, de la Norvège, du Japon et de la fondation Bill & Melinda Gates (partenaire du Monde Afrique). L’Organisation mondiale de la santé (OMS), des représentants de plusieurs organisations internationales, d’entreprises pharmaceutiques, d’instituts de recherche et de banques étaient également présents au ministère des affaires étrangères.

L’ambition de l’Union africaine est de produire 60 % des vaccins que les 54 pays du continent consomment à l’horizon 2040 alors qu’il en importe aujourd’hui près de 99 % « à des coûts exorbitants », a tenu à rappeler Moussa Faki Mahamat, le président de la commission de l’UA, qui considère que « c’est une question de vies, mais aussi de raison. Ce nouvel outil sera un catalyseur pour promouvoir notre industrie pharmaceutique et favoriser la collaboration entre nos Etats ».

« C’est un grand jour pour l’Afrique, s’est félicité Jean Kaseya, le patron d’Africa CDC, l’agence de santé publique panafricaine. L’AVMA est le début d’une vision qui s’étendra aux médicaments, aux tests de diagnostics et aux médicaments. » Car la pandémie de Covid et les ratés du mécanisme d’entraide internationale Covax avaient provoqué une grande inégalité dans l’accès aux vaccins mais aussi aux produits de santé tels que les tests de diagnostic ou l’oxygène médical.

La création d’un marché made in Africa, que les ministres de la santé du continent se sont engagés fin mai à soutenir par leurs commandes groupées, permettra aux gouvernements de fixer leurs propres priorités en faisant des économies d’échelle. Ils sont accompagnés dans cet effort par GAVI l’Alliance du vaccin, une centrale d’achat mondiale créée en 2000 à destination des pays à faibles revenus qui les aide à prendre une part toujours plus grande dans le coût de leur vaccination domestique avant une totale autonomie.

Garantir la qualité des médicaments

Le Forum de Paris était aussi l’occasion pour l’organisation de solidarité internationale de lancer la reconstitution de ses ressources à hauteur de 9 milliards de dollars. « Nous repartons avec déjà 2,4 milliards de dollars de promesses, ce qui est très encourageant », a réagi Sania Nishtar, la directrice de GAVI l’Alliance du vaccin, qui a tenu à rappeler que l’échéance 2030 pour atteindre les Objectifs de développement durable fixés par les Nations unies se rapproche à grands pas : « Nous avons vacciné 1 milliard d’enfants les vingt premières années de notre existence et nous comptons en vacciner encore un milliard en moitié moins de temps. »

Au menu des discussions figurait aussi la nécessité de renforcer et d’uniformiser les cadres réglementaires de la dizaine de pays africains déjà producteurs pour répondre aux normes internationales de qualité. Le gouvernement français a à ce titre annoncé un accord de « jumelage » entre l’Agence européenne des médicaments avec celle du Rwanda qui a accueilli en mars le premier laboratoire mobile à ARNmessager de l’allemand BioNTech.

« L’AVMA va pouvoir s’appuyer sur les six pays dont les autorités de réglementation ont déjà obtenu la classification de niveau 3 de l’OMS, à savoir l’Egypte, le Ghana, le Nigeria, la Tanzanie, l’Afrique du Sud et depuis peu le Zimbabwe, détaille Jean Kaseya, pour garantir la qualité des médicaments qui entrent ou circulent sur le continent. Nous allons encore progresser dans ces certifications pour pouvoir un jour exporter. C’est un travail sur lequel la future Agence du médicament de l’UA, qui doit ouvrir à Kigali, pourra bénéficier quand elle sera opérationnelle. »

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