Home Divers A Tébourba, la mémoire vive des saintes Perpétue et Félicité

A Tébourba, la mémoire vive des saintes Perpétue et Félicité

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Comme chaque année, la date du 7 mars constitue un rendez-vous avec l’histoire des saintes Perpétue et Félicité, suppliciées par les Romains à l’amphithéâtre de Carthage.

Le 7 mars 203, Perpétue et Félicité pénètrent dans l’arène de l’amphithéâtre de Carthage. La main dans la main, elles allaient affronter le martyre et ne faillirent pas à leur foi. Condamnées aux bêtes, elles furent suppliciées et achevées par le fer après une captivité de plusieurs jours.

Perpétue avait à peine 22 ans lorsqu’elle avait été arrêtée à Tébourba, à l’époque Thuburbo Minus. Accusée de vénérer le Dieu des Chrétiens, elle fut jetée en prison et malgré les supplications paternelles de renier sa foi, elle résistera au nom de ses convictions profondes.

Perpétue avait été arrêtée avec sa servante Félicité et d’autres chrétiens qui seront également suppliciés. Grandes figures de la Passion, elles verront pour la postérité leurs noms accolés dans une « éternelle félicité ».

Perpétue et Félicité sont parmi les premières martyres de l’église chrétienne en Afrique romaine, dans cette Tunisie antique du début du troisième siècle. Sanctifiées, elles sont célébrées chaque 7 mars en tant que saintes de l’église.

Plusieurs églises à travers le monde – surtout au Québec – portent le nom de ces deux femmes, l’une patricienne et l’autre esclave, toutes deux vivant leur foi chrétienne dans le petit village de Thuburbo Minus, devenu aujourd’hui Tébourba.

Signalons que l’église de Tébourba était dédiée à ces deux saintes chrétiennes de la tradition de l’Antiquité tunisienne. Elle est en effet dédiée aux saintes Perpétue et Félicité, martyrisées à Carthage en l’an 203.

L’église qui se trouve encore en plein cœur de la ville de Tébourba est actuellement fermée. Elle a longtemps servi de bibliothèque publique avant d’être classée parmi les monuments historiques il y a une vingtaine d’années.

Pour la petite histoire, la ville de Tébourba portait le nom de Thuburbo Minus dans l’Antiquité et était en relation avec celle de Thuburbo Majus qui se trouvait dans la région du Fahs.

Thuburbo Minus a été fondée au premier siècle par des vétérans de la huitième légion d’Auguste. La ville s’épanouira assez rapidement et les ruines de son amphithéâtre témoignent de son passé opulent.

Mosaïque de Perpétue dans la basilique euphrasienne de Poreč.

Aux premiers temps du christianisme, Tébourba fut un siège épiscopal et certains de ses évêques ont laissé une trace remarquable comme c’est le cas pour Victor ou Germanus. C’est surtout la passion de Perpétue et Félicité qui continue à alimenter la chronique de ces siècles chrétiens de la ville.

En effet, les deux saintes martyres ont donné leur nom à de nombreuses églises à travers le monde et suscité la création de nombreuses associations dont l’une a été créée à Vierzon en France et réunit plusieurs anciens habitants de la ville.

Pour évoquer la longue histoire contemporaine de l’église de Tébourba, il faut d’abord mentionner qu’elle a été créée pour les besoins des agriculteurs italiens qui étaient nombreux à vivre dans la région.

Ainsi, après la construction d’un lieu de culte à Chouigi qui devait servir aussi aux habitants de Tébourba, il fut décidé en 1900 de transférer la paroisse de Chouigi à Tébourba où les ouailles étaient plus nombreux.

Après avoir célébré le culte dans une ancienne huilerie désaffectée, les chrétiens de Tébourba eurent enfin leur église en 1905. Les travaux avaient duré deux ans durant lesquels les prêtres se déplaçaient depuis Tunis.

Ce n’est qu’en 1912 qu’un prêtre titulaire sera au service de cette église dédiée à Perpétue et Félicité. Toutefois, à cause des combats de la Deuxième guerre mondiale, l’église sera détruite par les bombes alliées.

Il faudra donc la reconstruire et cela fut fait dans un style exceptionnel qui marie la brique à la pierre de taille et s’appuie sur des matériaux exclusivement locaux.

En conséquence, la silhouette de cette église est à nulle autre pareille en Tunisie. Le travail de l’architecte Roger Dianoux vaudra ainsi au monument d’être classé en 2000.

Commencé en 1946, le chantier s’achèvera rapidement et, anecdote remarquable, l’inauguration de l’église sera retransmise par une émission de radio en direct, grâce à la proximité du relais de Jedaida, opérationnel depuis les années trente. Aujourd’hui, l’église attend d’être transformée en musée et confiée par l’Institut du patrimoine à une association locale.

Monument religieux incontournable dans cette région, l’église de Tébourba est l’un des joyaux de l’architecture chrétienne en Tunisie.

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