Les dérapages financiers du Grand Prix de Formule 1 de Christian Estrosi

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Dans les locaux de sa permanence à Nice, Christelle D’Intorni soulève cinq épaisses chemises papier qu’elle dépose sur la table de réunion. A l’intérieur, la députée Les Républicains (LR) des Alpes-Maritimes dévoile des liasses de feuilles, photocopies complètes des grands livres de comptes du Groupement d’intérêt public (GIP) GPF-Le Castellet, la structure légale qui chapeautait le Grand Prix de France de Formule 1, organisé entre 2018 et 2022 sur le circuit Paul-Ricard (Var). Dans ses dossiers colorés, un pour chaque exercice comptable, Christelle D’Intorni dispose de l’ensemble des recettes et dépenses enregistrées par l’entité juridique qui portait la course automobile et qui a été placée en liquidation judiciaire le 21 mars. Des documents que cette avocate de métier a épluchés avec soin, surlignant au stabilo rose les lignes lui paraissant problématiques.

« Les montants sont exorbitants », s’indigne-t-elle en multipliant les exemples de dépenses dont les destinataires ne sont pas connus : des frais de repas à « la Truffe noire » pour 53 159 euros en juillet 2018, des factures de 10 816 euros auprès du fabricant de stylos de luxe Montblanc en janvier 2022, une note de frais d’un seul collaborateur de 4 153 euros en mars 2019, des billets d’avion à destination de Dubaï pour 8 600 euros en novembre 2018…

On trouve aussi des dépenses récurrentes à l’hôtel du Castellet, prestigieux établissement cinq-étoiles de la région. Une écriture datant du 5 juillet 2018, peu après la première édition du Grand Prix de Formule 1, montre un décaissement de 30 748 euros pour « l’hébergement d’invités ». « Ce qui est choquant, c’est que les frais de déplacement ne cessent d’augmenter et qu’on retrouve des dépenses de luxe pour des sommes colossales dont le lien avec le GIP interroge », tempête la députée.

Marchés autrement lucratifs

L’ex-maire de la commune rurale de Rimplas (Alpes-Maritimes), au cœur du Mercantour, a commencé à se pencher sur le dossier en juillet 2023, lorsque la métropole Nice-Côte d’Azur, dont elle est élue, a été appelée à voter une charge de 5 millions d’euros, intérêts compris, en vue de la dissolution du GIP GPF-Le Castellet.

La décision de dissolution semble alors une évidence : Formula One Group, la société qui commercialise la prestigieuse compétition automobile, a décidé de ne pas renouveler le contrat avec la structure. La filiale du conglomérat américain Liberty Media a changé de stratégie, se tournant vers des marchés autrement lucratifs pour diverses raisons, aux Etats-Unis, en Arabie saoudite ou au Qatar.

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